Atelier 7
Territoires critiques : Idéaux collectifs et participatifs
15 mai
Interagir, collaborer, cocréer : les enjeux de la participation du public en médiation culturelle
En tant que stratégie d’action culturelle, la médiation culturelle valorise tout particulièrement les projets qui visent à inclure les publics dans une forme d’expression partagée. Les projets artistiques participatifs, assignant aux publics un rôle dit « actif », apparaissent comme des vecteurs privilégiés pour mettre en œuvre cette stratégie d’action. Mais quelles sont les conditions du partage cultivé dans de tels projets ? Comment varient-elles en fonction du type de participation du public proposée ? Et quelle est la place du dissensus et de la critique dans ces projets ?
Du dispositif interactif à la cocréation d’une œuvre, en passant par la collaboration dans un cadre prédéterminé, nous avons identifié différents degrés de participation et enjeux rattachés. À partir de cette typologie nourrie d’exemples tirés de nos propres recherches et expériences professionnelles, nous analysons la manière dont certains projets questionnent les rapports hiérarchiques entre artistes professionnels et participants amateurs, mais aussi la façon dont ces projets peuvent être porteurs de revendications en se faisant le support d’un engagement citoyen, tandis que d’autres types de projets poussent à s’interroger sur l’instrumentalisation de la participation au service d’une pacification des conflits.
Nathalie Casemajor est professeure au département de sciences sociales de l'Université du Québec en Outaouais. Ses travaux de recherche portent sur la circulation numérique du patrimoine culturel et les mouvements de la « culture libre ». Au cours des dernières années, elle a travaillé comme coordinatrice, administratrice et chercheure dans divers collectifs citoyens, organisations culturelles, administrations publiques et projets académiques.
Ève Lamoureux est professeure au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches se concentrent sur trois principaux enjeux : l’art engagé, les arts communautaires et la médiation culturelle. Elle est membre du Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT) et du Groupe de recherche sur la médiation culturelle. Elle est l’auteure du livre Art et politique : Nouvelles formes d’engagement artistique au Québec, publié chez Écosociété en 2009.
Danièle Racine est agente de développement culturel dans la division Action culturelle et partenariats de la Direction de la culture et du patrimoine de la Ville de Montréal. Elle est responsable de programmes de soutien et d’activités de veille et de recherche en médiation culturelle. Elle a initié et coordonné avec Louis Jacob une étude longitudinale déployée sur cinq ans : Phase 1 « Répertoire raisonné des activités de médiation culturelle » (2008-2009) et Phase 2 « Les effets de la médiation culturelle : participation, expression, changement » (2010-2013).
En tant que stratégie d’action culturelle, la médiation culturelle valorise tout particulièrement les projets qui visent à inclure les publics dans une forme d’expression partagée. Les projets artistiques participatifs, assignant aux publics un rôle dit « actif », apparaissent comme des vecteurs privilégiés pour mettre en œuvre cette stratégie d’action. Mais quelles sont les conditions du partage cultivé dans de tels projets ? Comment varient-elles en fonction du type de participation du public proposée ? Et quelle est la place du dissensus et de la critique dans ces projets ?
Du dispositif interactif à la cocréation d’une œuvre, en passant par la collaboration dans un cadre prédéterminé, nous avons identifié différents degrés de participation et enjeux rattachés. À partir de cette typologie nourrie d’exemples tirés de nos propres recherches et expériences professionnelles, nous analysons la manière dont certains projets questionnent les rapports hiérarchiques entre artistes professionnels et participants amateurs, mais aussi la façon dont ces projets peuvent être porteurs de revendications en se faisant le support d’un engagement citoyen, tandis que d’autres types de projets poussent à s’interroger sur l’instrumentalisation de la participation au service d’une pacification des conflits.
Nathalie Casemajor est professeure au département de sciences sociales de l'Université du Québec en Outaouais. Ses travaux de recherche portent sur la circulation numérique du patrimoine culturel et les mouvements de la « culture libre ». Au cours des dernières années, elle a travaillé comme coordinatrice, administratrice et chercheure dans divers collectifs citoyens, organisations culturelles, administrations publiques et projets académiques.
Ève Lamoureux est professeure au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches se concentrent sur trois principaux enjeux : l’art engagé, les arts communautaires et la médiation culturelle. Elle est membre du Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT) et du Groupe de recherche sur la médiation culturelle. Elle est l’auteure du livre Art et politique : Nouvelles formes d’engagement artistique au Québec, publié chez Écosociété en 2009.
Danièle Racine est agente de développement culturel dans la division Action culturelle et partenariats de la Direction de la culture et du patrimoine de la Ville de Montréal. Elle est responsable de programmes de soutien et d’activités de veille et de recherche en médiation culturelle. Elle a initié et coordonné avec Louis Jacob une étude longitudinale déployée sur cinq ans : Phase 1 « Répertoire raisonné des activités de médiation culturelle » (2008-2009) et Phase 2 « Les effets de la médiation culturelle : participation, expression, changement » (2010-2013).
Analyse de médiations et d’actions d’art collectives dans l’espace public de la Suisse Romande
L’analyse de cinq projets de médiation culturelle et d’actions d’art collectives s’est faite à travers les notions de pouvoir symbolique de Bourdieu, de transformation et de participation de Freire. Elle a illustré que des actions critiques, mettant des êtres humains en lien avec d’autres et avec l’environnement, réussissent à changer, pour l’action en cours, les termes du pouvoir symbolique et permettent une participation politique, mais que le réinvestissement de l’espace public demeure un travail constant.
Pour l’animation socioculturelle, deux questions se posent à partir de l’analyse de ces collaborations artistico-sociales: 1) La version institutionnalisée de l’animation socioculturelle n’est-elle pas en train d’administrer l’ordre public, d’utiliser l’art comme instrument de domestication ? 2) À partir de quand parle-t-on de réinvestissement de l’espace public si la plupart des projets fonctionnent selon le principe de « participation assistée » ?
Becker constate dans « les mondes de l’art » qu’une telle étude est une analyse de la société. Dans ce sens, il est frappant de constater combien, dans ces projets en Suisse Romande, la participation autonome a du mal à surgir. Mais cela concerne-t-il toutes les actions d’art collectives ou plus particulièrement celles gérées par l’animation socioculturelle ? L’analyse proposée permet de réfléchir à comment la question, politiquement nécessaire, sur le réinvestissement de l’espace public et la participation pourrait être posée.
Barbara Waldis est anthropologue et a fait sa thèse à l’Université de Fribourg (CH). Elle est professeure-chercheuse à la HETS-VS de la HES-SO et auteure de nombreuses publications sur les relations familiales transnationales ; elle enseigne sur les méthodes de recherches qualitatives et depuis 2009 son enseignement et ses recherches portent sur le domaine de l’art visuel et le travail social dans l’espace public.
L’analyse de cinq projets de médiation culturelle et d’actions d’art collectives s’est faite à travers les notions de pouvoir symbolique de Bourdieu, de transformation et de participation de Freire. Elle a illustré que des actions critiques, mettant des êtres humains en lien avec d’autres et avec l’environnement, réussissent à changer, pour l’action en cours, les termes du pouvoir symbolique et permettent une participation politique, mais que le réinvestissement de l’espace public demeure un travail constant.
Pour l’animation socioculturelle, deux questions se posent à partir de l’analyse de ces collaborations artistico-sociales: 1) La version institutionnalisée de l’animation socioculturelle n’est-elle pas en train d’administrer l’ordre public, d’utiliser l’art comme instrument de domestication ? 2) À partir de quand parle-t-on de réinvestissement de l’espace public si la plupart des projets fonctionnent selon le principe de « participation assistée » ?
Becker constate dans « les mondes de l’art » qu’une telle étude est une analyse de la société. Dans ce sens, il est frappant de constater combien, dans ces projets en Suisse Romande, la participation autonome a du mal à surgir. Mais cela concerne-t-il toutes les actions d’art collectives ou plus particulièrement celles gérées par l’animation socioculturelle ? L’analyse proposée permet de réfléchir à comment la question, politiquement nécessaire, sur le réinvestissement de l’espace public et la participation pourrait être posée.
Barbara Waldis est anthropologue et a fait sa thèse à l’Université de Fribourg (CH). Elle est professeure-chercheuse à la HETS-VS de la HES-SO et auteure de nombreuses publications sur les relations familiales transnationales ; elle enseigne sur les méthodes de recherches qualitatives et depuis 2009 son enseignement et ses recherches portent sur le domaine de l’art visuel et le travail social dans l’espace public.
Les médiateurs culturels et les modalités de croyance « en la victoire finale de la cause » : valeurs du travail, idéologie médiatrice et figures possibles de l’épreuve de réalité
À partir de nombreuses enquêtes réalisées auprès de médiateurs culturels en France, nous souhaiterions consacrer cette communication à « l’étude des modalités du croire » (Passeron, 1991) dans le développement des activités de médiation. Pour bien des analystes, les illusions qu’entretiennent les médiateurs sont d’ordre idéologique. Ainsi la nécessité de croire en la « victoire finale de la cause » tendrait à écarter les connaissances et les questionnements trop serrés qui risqueraient d’amoindrir « la dévotion aux tâches du jour ». Les enquêtes de terrains tendent pourtant à faire apparaître une réalité plus complexe que les paradigmes explicatifs mis en avant par Passeron. Entre le travail incessant de légitimation de ce qui peut être posé comme un « horizon d’action » (Wallon, 2010), et le renoncement désenchanté, nourri par l’usure du métier, à un idéal perçu comme irréalisable, les médiateurs mobilisent différents registres axiologiques qui soutiennent l’exercice de l’activité et déterminent en partie les formes de cette dernière. L’étude des modalités d’adhésion à l’activité et à ses finalités nous permettra d’élucider le processus de construction du « sens de l’action », ré-accompli au quotidien à travers l’actualisation, d’un ensemble de rapports aux valeurs, de représentations du monde, et de figures possibles de l’épreuve de réalité.
Nathalie Montoya est maître de conférences en sociologie à l’université Paris Diderot, au sein du laboratoire du changement social. Sa thèse tentait de comprendre la construction de la médiation culturelle comme activité professionnelle, en la resituant dans l’histoire du projet de démocratisation de la culture (2009). Elle coordonne actuellement plusieurs enquêtes et recherches sur l’éducation artistique et culturelle, et en partenariat avec Cultures du Cœur, sur le rôle de la culture et de la médiation culturelle dans le processus d’intégration sociale.
À partir de nombreuses enquêtes réalisées auprès de médiateurs culturels en France, nous souhaiterions consacrer cette communication à « l’étude des modalités du croire » (Passeron, 1991) dans le développement des activités de médiation. Pour bien des analystes, les illusions qu’entretiennent les médiateurs sont d’ordre idéologique. Ainsi la nécessité de croire en la « victoire finale de la cause » tendrait à écarter les connaissances et les questionnements trop serrés qui risqueraient d’amoindrir « la dévotion aux tâches du jour ». Les enquêtes de terrains tendent pourtant à faire apparaître une réalité plus complexe que les paradigmes explicatifs mis en avant par Passeron. Entre le travail incessant de légitimation de ce qui peut être posé comme un « horizon d’action » (Wallon, 2010), et le renoncement désenchanté, nourri par l’usure du métier, à un idéal perçu comme irréalisable, les médiateurs mobilisent différents registres axiologiques qui soutiennent l’exercice de l’activité et déterminent en partie les formes de cette dernière. L’étude des modalités d’adhésion à l’activité et à ses finalités nous permettra d’élucider le processus de construction du « sens de l’action », ré-accompli au quotidien à travers l’actualisation, d’un ensemble de rapports aux valeurs, de représentations du monde, et de figures possibles de l’épreuve de réalité.
Nathalie Montoya est maître de conférences en sociologie à l’université Paris Diderot, au sein du laboratoire du changement social. Sa thèse tentait de comprendre la construction de la médiation culturelle comme activité professionnelle, en la resituant dans l’histoire du projet de démocratisation de la culture (2009). Elle coordonne actuellement plusieurs enquêtes et recherches sur l’éducation artistique et culturelle, et en partenariat avec Cultures du Cœur, sur le rôle de la culture et de la médiation culturelle dans le processus d’intégration sociale.